Nouvelles approches de traitement d’un cancer tenace

Par : Heather Blumenthal
 

Photo de la Dre Barbara Vanderhyden fournie par L’Hôpital d’Ottawa

Partout dans le monde, les chercheurs sur le cancer de l’ovaire qui utilisent des modèles murins pour poursuivre leur recherche sur les origines, le développement ou le traitement du cancer peuvent remercier la Dre Barbara Vanderhyden, chercheure à Ottawa, d’avoir rendu cela possible.

 

Chercheure sur le cancer de l’ovaire depuis plus d’un quart de siècle et actuellement première titulaire de la Chaire de recherche Corinne-Boyer sur le cancer de l’ovaire, la Dre Vanderhyden travaille surtout sur le développement des modèles murins qui sont nécessaires pour les études précliniques – modèles qui n’existaient pas quand elle a commencé sa carrière en recherche.

 

Or, malgré les progrès qui ont été accomplis dans la détermination de la base moléculaire des nombreuses et différentes tumeurs ovariennes (parce que, comme pour les autres cancers, il existe de nombreux sous-types), de leur origine (souvent dans les trompes de Fallope) et de marqueurs pour prédire les résultats des traitements, le traitement de la maladie n’a bénéficié d’aucune avancée. La norme de soins (chirurgie et chimiothérapie) est à peu près la même depuis quarante ans.

 

Il est difficile de détecter tôt le cancer de l’ovaire, car on peut attribuer ses symptômes, par exemple des ballonnements, une miction fréquente ou la constipation, à un certain nombre de causes. La plupart des femmes qui reçoivent un diagnostic se trouvent déjà à un stade avancé de la maladie et leur taux de survie à cinq ans est inférieur à 30 %. Chaque année, quelque 2 600 femmes canadiennes reçoivent un diagnostic de cancer de l’ovaire et 1 550 en meurent. Le cancer de l’ovaire est le sixième cancer le plus fréquent chez les femmes et arrive au cinquième rang des causes de décès liées au cancer au Canada.

 

Pour tenter de changer ces chiffres pour le mieux, la Dre Vanderhyden, avec le soutien de BioCanRx, tourne ses énergies vers l’immunothérapie, une nouvelle avenue qui pourrait être la première avancée dans le traitement du cancer de l’ovaire en plus de quarante ans.

 

Le laboratoire de la Dre Vanderhyden a découvert il y a plusieurs années qu’une protéine appelée protéine analogue au fibrinogène 2, ou FGL2, est plus présente dans l’ovaire au moment de l’ovulation. L’ovulation étant un facteur de risque de cancer de l’ovaire, les chercheurs essaient de comprendre ce que la FGL2 fait dans l’ovaire. On sait que la FGL2 joue un rôle dans la suppression du système immunitaire, et on s’attend à ce qu’en bloquant cette propriété immunosuppressive, le système immunitaire du patient puisse mieux combattre les tumeurs ovariennes. L’effet devrait être encore plus puissant si la protéine était jumelée à un virus oncolytique. Si tel était le cas, 1 + 1 ferait réellement 2 : la possibilité d’une façon nouvelle et plus efficace de traiter le cancer de l’ovaire.

 

« Nous modifions l’environnement des tumeurs pour rendre plus efficaces les virus oncolytiques, affirme la Dre Vanderhyden. »

 

Les travaux ont plusieurs sources. D’abord, un des étudiants diplômés travaillant dans son laboratoire a assisté à la réunion annuelle de BioCanRx et en est revenu enthousiasmé par le potentiel de l’immunothérapie. Ensuite, la possibilité de travailler avec la Dre Carolina Ilkow, dont les travaux portent sur l’immunothérapie, a créé un lien évident et contribue à la formation de la prochaine génération de chercheurs sur le cancer. En tant que nouvelle chercheure et ancienne boursière postdoctorale au laboratoire du Dr John Bell, la Dre Ilkow, qui est originaire d’Argentine, applique ses connaissances de l’immunothérapie au cancer de l’ovaire.

 

« Nous apprenons d’elle, dit la Dre Vanderhyden ».

 

Cela fait du bien de penser que « John Bell est en quelque sorte parmi nous » à l’Institut de recherche de L’Hôpital d’Ottawa, ajoute-t-elle en riant.

 

Un autre partenaire essentiel est le Dr Gary Levy, chirurgien transplantologue de Toronto, qui a découvert la protéine FGL2 il y a plusieurs années et qui a montré que celle-ci peut supprimer les réactions immunitaires dangereuses dans les greffes cardiaques.

 

« C’est son bébé, dit la Dre Vanderhyden. Et bien qu’il n’ait aucune expérience concernant le cancer, il aime le fait que sa recherche puisse avoir une plus grande portée. »

 

En fait, la réunion des trois spécialistes dans leur domaine – une spécialiste de l’immunothérapie, un chirurgien transplantologue et un chef de file dans le domaine du cancer de l’ovaire – est l’une des choses les plus excitantes de ce projet. Il reste que ce qui est le plus stimulant, c’est la possibilité d’améliorer réellement le traitement d’un cancer qui est difficile à traiter.

 

« L’immunothérapie obtient du succès avec certains cancers, conclut la Dre Vanderhyden. Je veux que le cancer de l’ovaire soit l’un d’eux. »

 


Heather Blumenthal est rédactrice dans le domaine de la santé et de la recherche en santé depuis plus de 20 ans et elle demeure fascinée par les progrès réalisés par les chercheurs canadiens.