Un intermédiaire au service de la science…

Par Heather Blumenthal

 

Comme le dit l’expression courante : c’était écrit dans le ciel.

 

Le laboratoire de Jonathan Bramson de l’Université McMaster a mis au point une nouvelle technologie pour produire des cellules immunitaires qui attaqueront les cellules du myélome multiple.

 

Le laboratoire de Jean-Sébastien Delisle à l’Université de Montréal disposait de méthodes et de capacités novatrices pour fabriquer des cellules immunitaires humaines qui ciblent les cellules cancéreuses et qui demeurent longtemps dans l’organisme, assurant ainsi une activité anticancéreuse soutenue.

 

Le résultat de cette heureuse union? Un nouveau traitement puissant pour un cancer actuellement incurable, le myélome multiple.

 

Malgré des améliorations importantes au cours des 15 dernières années, le myélome multiple (un cancer qui se développe dans les plasmocytes, un type de globules blancs que l’on trouve dans la moelle osseuse et qui produit des anticorps pour combattre l’infection) est toujours considéré comme une maladie incurable. La norme de soins actuelle – une greffe de cellules souches à l’aide de cellules souches du patient qui sont stimulées en laboratoire avant d’être réinjectées – est efficace, mais même si le patient peut être en rémission, la menace de récidive est toujours présente.

 

Cependant, de plus en plus de preuves démontrent que les thérapies basées sur la modification des cellules immunitaires en laboratoire et leur réinjection dans l’organisme du patient (aussi appelées immunothérapies cellulaires) peuvent être très efficaces – voire curatives – pour un large éventail de cancers du sang, y compris le myélome multiple.

 

Bien que la plupart des thérapies cellulaires immunitaires utilisent un outil connu sous le nom de récepteur d’antigène chimérique ou CAR, le laboratoire du Dr Bramson conçoit des cellules immunitaires avec un nouvel outil connu sous le nom de récepteur d’antigène de couplage des lymphocytes T ou récepteur TAC. Le récepteur TAC fonctionne différemment de la thérapie des lymphocytes T à CAR, en permettant aux lymphocytes T d’agir de façon plus près de la façon dont ils agissent naturellement dans l’organisme.

 

Mais cela n’est possible que si la cellule fabriquée peut quitter le laboratoire pour être utilisée de façon pratique auprès des patients. Pour ce faire, les cellules modifiées doivent être fabriquées selon des normes élevées – connues sous le nom de bonnes pratiques de fabrication, ou BPF – pour assurer la sécurité des patients et l’uniformité du traitement. C’est là que le Dr Delisle intervient.

 

Selon lui, c’est bien de disposer d’une nouvelle technologie, mais en faire quelque chose qui pourrait devenir une thérapie, c’est beaucoup de travail.

 

Sa contribution s’est faite de deux façons. Tout d’abord, il a testé différentes conditions de culture pour fabriquer les lymphocytes T exprimant les récepteurs TAC. Deuxièmement, il a démontré que la fabrication pouvait être automatisée à l’aide du Prodigy, un bioréacteur conçu par Miltenyi Biotec, qui a participé à ce projet.

 

Les résultats ont été exactement ceux qu’ils espéraient.

 

« Nous avons démontré que cette nouvelle thérapie cellulaire permet d’éliminer les tumeurs à myélome multiple chez la souris, explique le Dr Bramson. Maintenant, nous travaillons à tester la thérapie chez l’homme. »

 

En effet, les résultats de ce projet permettront aux laboratoires et à leurs collaborateurs cliniques de mettre au point un essai clinique inédit sur cette nouvelle thérapie, avec la participation du Centre d’excellence en thérapie cellulaire de Montréal et de son installation de fabrication BPF (qui a contribué de façon essentielle au succès de ce projet). L’étape suivante consiste à travailler sur le processus pour recueillir davantage de données probantes avant de s’adresser à Santé Canada pour obtenir l’approbation d’un essai clinique.

 

Les répercussions de ce projet sont importantes. Le récepteur TAC est une nouvelle technologie canadienne qui pourrait améliorer les soins aux patients atteints de myélome dans le monde entier et améliorer le sombre pronostic qui caractérisait jusqu’à maintenant le cancer. Et, tout comme l’approche du récepteur TAC est unique, l’approche de fabrication du laboratoire Delisle l’est aussi. Cette innovation a une valeur qui s’étend au-delà de ce projet, elle peut être utile aux thérapies des lymphocytes T en général et elle peut contribuer à faire du Canada un centre de fabrication de thérapie cellulaire.

 

Comme dans le cas d’autres grandes rencontres historiques, cette rencontre a nécessité les services d’un intermédiaire. Dans ce cas-ci, ce fut BioCanRx.

 

« Ce [projet] représente le type de partenariat qu’un réseau comme BioCanRx peut promouvoir, explique le Dr Delisle, puisqu’il réunit les chercheurs du laboratoire et ceux de la clinique afin qu’ils travaillent ensemble. »

 

« Si vous n’avez pas un pied dans chacun des deux mondes, c’est en fait très difficile d’y arriver. Il faut avant tout être en mesure de passer rapidement de l’idée à la mise en pratique auprès des patients. »

 


 

Heather Blumenthal écrit au sujet de la santé et de la recherche en santé depuis une vingtaine d’années et n’a jamais cessé d’être fascinée par les progrès qu’accomplissent les chercheurs canadiens.