Par Heather Blumenthal
Dans la plupart des cas, les cancers de la peau ne sont pas si graves – ils sont faciles à traiter et ils causent rarement des problèmes à long terme. Les cancers de la peau à cellules basales et squameuses représentent 95 % de tous les cancers de la peau diagnostiqués au Canada. Mais pour les autres 5 %, c’est une tout autre histoire. Le mélanome est un cancer beaucoup plus grave, plus difficile à traiter et qui tend à progresser plus rapidement. En 2017 seulement, 7 300 personnes au Canada ont reçu un diagnostic de mélanome; 1 240 en sont mortes.
Le mélanome est le septième cancer le plus souvent diagnostiqué au Canada. Et bien que le taux de survie après cinq ans soit élevé (environ 90 % des personnes qui ont reçu un tel diagnostic survivent pendant cette période de temps), les options sont rares et le taux de survie après cinq ans est beaucoup plus faible pour celles qui ne répondent pas au traitement.
Avec l’appui de BioCanRx, le Dr Marcus Butler, du Centre du cancer Princess Margaret, dirige un essai clinique préliminaire (phase 1b) qui pourrait élargir l’ensemble des options offertes. L’essai s’intitule ACTIVATE (Adoptive Cell Therapy InVigorated to Augment Tumour Eradication) et vise à évaluer l’innocuité et l’efficacité du traitement du mélanome en combinant la thérapie cellulaire adoptive par lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL) à un inhibiteur aux points de contrôle appelé pembrolizumab (approuvé au Canada pour, notamment, le mélanome métastatique).
Les TIL sont, comme leur nom l’indique, des cellules du système immunitaire qui parviennent à se frayer un chemin jusqu’à une masse tumorale. Une fois sur place, cependant, il n’y en a généralement pas assez, et ils n’ont pas assez de force par eux-mêmes pour surmonter les défenses de la cellule. La Dre Pamela Ohashi, une collègue du Dr Butler du Centre du cancer Princess Margaret, a réussi à prélever un échantillon de tumeur chez un patient et à cultiver les TIL en laboratoire. (Voir le bulletin de BioCanRx de l’automne 2016.).
En combinant ces TIL à un inhibiteur aux points de contrôle, qui empêche les cellules cancéreuses de repousser les attaques du système immunitaire, le Dr Butler espère être en mesure d’aider les patients pour lesquels l’utilisation seule de l’inhibiteur aux points de contrôle n’a pas été efficace.
L’idée qui sous-tend l’essai, dit le Dr Butler, est que les TIL réactiveront la réponse immunitaire une fois qu’ils auront été chargés en laboratoire et réinjectés au patient. Le pembrolizumab, à son tour, aidera à maintenir cette réponse immunitaire. Des études antérieures ont montré que chez certains patients, la réponse au traitement par TIL peut être de courte durée, de sorte que l’ajout du pembrolizumab contribuera, selon le Dr Butler, à surmonter cette difficulté.
Il s’agit du premier essai de cette approche, mais il est également unique en ce sens qu’il inclut des patients atteints de mélanomes rares, dont les tumeurs ne bénéficient souvent pas d’un traitement conventionnel.
« C’est peut-être une façon de vraiment aider ces patients », dit le Dr Butler.
Jusqu’à présent, six patients ont été recrutés pour participer à l’étude, la moitié des 12 patients qui y participeront à terme. L’essai devrait être terminé d’ici la fin de l’année, dit le Dr Butler, et ils sauront alors si le traitement d’association est une approche réalisable, qui est à la fois sûre et qui démontre le potentiel de résultats cliniques.
« Nous verrons des signes indiquant que cette approche aide vraiment les patients, si elle donne des résultats », dit-il. Ensuite, le travail commence vraiment, avec d’autres essais cliniques afin d’obtenir les preuves nécessaires pour soutenir l’utilisation de la thérapie combinée en clinique.
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Heather Blumenthal écrit au sujet de la santé et de la recherche en santé depuis une vingtaine d’années et n’a jamais cessé d’être fascinée par les progrès qu’accomplissent les chercheurs canadiens.