Parfois, le tout est plus grand que la somme de toutes les parties.

Par: Heather Blumenthal

 

Photographie du Dr Julian J. Lum fournie par l’Agence du cancer de la C.-B.

La radiation? Un outil essentiel qui a ses limites.

 

L’immunothérapie? Un traitement prometteur, mais qui peut s’avérer insuffisant chez certains patients.

 

Toutefois, lorsque ces traitements sont combinés, ils peuvent constituer une nouvelle façon de lutter contre le cancer de la prostate à métastases qui ne répond plus à l’hormonothérapie. De plus, ajoute le D. Julian J. Lum, professeur adjoint à l’Université de Victoria et scientifique de l’Agence du cancer de la C.-B., cette approche à deux volets est habituellement plus efficace que chacune de ces stratégies utilisées de façon autonome.

 

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes et la troisième cause de décès reliés au cancer chez les hommes au Canada. Des progrès remarquables ont été réalisés en ce qui concerne le traitement du cancer de la prostate. Toutefois, lorsque le cancer ne répond plus à l’hormonothérapie et que des métastases se forment, ou lorsqu’il se propage à d’autres parties de l’organisme, les options offertes aux patients sont limitées.

 

Le Dr Lum explique que la plupart des patients répondent bien à l’hormonothérapie qui stoppe la croissance des cellules cancéreuses. Par contre, il arrive un moment où ces cellules résistent à la thérapie.

 

La radiothérapie est un traitement fréquemment utilisé pour le cancer de la prostate. Elle agit de deux façons. Premièrement, elle attaque les cellules cancéreuses à un emplacement précis, dans le cas présent, la prostate, et elle les détruit. Toutefois, lorsque le cancer se propage, la radiothérapie n’est plus efficace puisqu’elle se concentre sur un seul emplacement. Deuxièmement, la radiothérapie peut aussi stimuler le système immunitaire. Mais, bien que la stimulation du système immunitaire constitue le concept de base qui sous-tend l’immunothérapie, la réaction immunitaire enclenchée par la radiation est faible et peut facilement être bloquée par les cellules cancéreuses.

 

C’est ici qu’entrent en jeu le Dr Lum et ses collègues. Le Dr Lum est un immunologiste. Il collabore de façon unique avec le Dr François Benard, scientifique émérite de l’Agence du cancer de la C.-B. et chef de file mondial dans la fabrication de nouveaux composés transportant les substances radioactives, et avec le Dr Andrew Minchinton, scientifique émérite de l’Agence du cancer de la C.-B. et chef de la radiobiologie, tous deux de l’Université de la Colombie-Britannique. Le quatrième membre de ce quatuor est MedImmune, la branche internationale de recherche et de développement en biologie d’AstraZeneca, qui fournit des services de recherche et de soutien des réactifs afin de permettre l’avancement de l’étude.

 

Leur étude, qui porte sur les radioligands ciblés (tRL) et sur les inhibiteurs de point de contrôle pour le cancer de la prostate hormono-résistant à métastases, pourrait fournir aux patients l’option dont ils ont besoin pour traiter un cancer de la prostate avancé.

 

Le Fr Lum affirme que selon eux, les radioligands ciblés peuvent amplifier la réponse immunitaire de la radiothérapie.

 

Les radioligands ciblés sont des composés auxquels sont attachés des particules radioactives. Lorsque ces composés sont injectés dans l’organisme, ils livrent les radiations à toutes les cellules cancéreuses de l’organisme, peu importe où elles se trouvent, plutôt qu’à un seul emplacement. Il s’agit de la première étape. L’étape suivante consiste en l’injection d’un composé qui agira comme inhibiteur de point de contrôle, ce qui empêchera les cellules cancéreuses de bloquer la réaction immunitaire. C’est le rôle de l’immunothérapie. Cette approche combinée est unique, et il s’agit de la première étude, préclinique ou clinique, à en faire l’essai. L’équipe a émis l’hypothèse que chaque volet sera plus puissant et efficace de façon combinée que de façon autonome.

 

Certains inhibiteurs de point de contrôle sont déjà utilisés en clinique. Les efforts de l’équipe du Dr Lum seront concentrés sur l’utilisation des inhibiteurs de point de contrôle de prochaine génération, pour ainsi dire, pour les cancers à un stade avancé. MedImmune contribuera grandement au développement et à l’essai de ce nouvel inhibiteur de point de contrôle dans le but d’améliorer ses médicaments existants.

 

Selon le Dr Lum, MedImmune est une entreprise qui comprend que pour innover, on ne peut pas travailler en vase clos. Il ajoute que son équipe apprécie l’engagement de cette entreprise qui veut faire progresser la science grâce aux initiatives de collaboration.

 

L’équipe travaille actuellement avec des modèles précliniques afin de déterminer comment cette approche à deux volets fonctionne et quels sont les posologies appropriées pour chaque thérapie. Avant la fin du projet, l’équipe espère disposer d’un produit prêt pour les essais sur les êtres humains. Aussi, comme le souligne le Dr Lum, si cette combinaison en particulier ne fonctionne pas, l’équipe peut faire l’essai d’autres médicaments d’immunothérapie avec les particules radioactives. D’une façon ou d’une autre, il s’agit d’une approche innovante qui pourrait être grandement avantageuse pour les hommes qui souffrent d’un cancer avancé de la prostate.

 


 

Heather Blumenthal est rédactrice dans le domaine de la santé et de la recherche en santé depuis plus de 20 ans et elle demeure fascinée par les progrès réalisés par les chercheurs canadiens.