Fortifier le système immunitaire pour combattre le cancer de l’ovaire

Par Heather Blumenthal

 

Les lymphocytes infiltrant les tumeurs, ce sont un peu comme des gringalets de 45 kg du système immunitaire. Ils ne sont pas très puissants seuls, mais conjuguez-les à d’autres cellules immunitaires et plus personne ne leur fera mordre la poussière!

 

Du moins, c’est l’explication théorique. BioCanRx finance actuellement un projet de recherche qui vise à prouver que la théorie fonctionne et, ce faisant, à apporter un nouvel espoir aux femmes atteintes du cancer de l’ovaire – le cancer gynécologique le plus meurtrier.

 

Le fondement scientifique est révolutionnaire. Il s’agit une thérapie cellulaire adoptive qui consiste à prélever des cellules immunitaires dans la tumeur de la patiente, à les fortifier en laboratoire, puis à les réadministrer à la patiente dans l’espoir que ces cellules tuent les cellules cancéreuses. Les cellules utilisées dans le cadre du projet, des lymphocytes infiltrant les tumeurs, sont un type de lymphocytes T (globules blancs) qui sont conçus pour déceler et détruire les envahisseurs dans le corps humain. Les lymphocytes T présents dans une tumeur sont appelés lymphocytes infiltrant les tumeurs.

 

Les lymphocytes infiltrant les tumeurs sont dans la mire des chercheurs en cancérologie depuis quelque temps déjà, mais ce projet de recherche, dirigé par une équipe du Centre de cancérologie Princess Margaret de Toronto (un partenaire du projet faisant partie du University Health Network), porte sur une nouvelle technique de fortification de l’activité de ces lymphocytes en laboratoire.

 

Pamela Ohashi, Ph.D., chercheuse principale du projet, tente de contrer le cancer de l’ovaire à l’aide de cette thérapie cellulaire adoptive. Formée aux États-Unis, elle est la première chercheuse au Canada à appliquer la thérapie par lymphocytes infiltrant les tumeurs. Elle est emballée par le fait que l’ajout en laboratoire de cellules dendritiques (un autre type de cellules immunitaires) aux lymphocytes infiltrant les tumeurs peut décupler leur puissance pour lutter contre le cancer.

 

« Nous cherchons comment activer les cellules qui luttent contre les tumeurs depuis des décennies », précise Mme Ohashi.

 

Son application est tout à fait révolutionnaire. C’est le premier essai clinique au monde à utiliser la thérapie cellulaire adoptive pour combattre le cancer de l’ovaire. C’est aussi le premier essai de la technique novatrice (le recours à des cellules dendritiques pour activer les lymphocytes infiltrant les tumeurs) de la chercheuse canadienne, Mme Ohashi, et la première utilisation de la thérapie oncologique à base de lymphocytes infiltrant les tumeurs au Canada. L’essai permettra en plus de renseigner les chercheurs canadiens sur ce qui est requis pour réaliser une thérapie par lymphocytes infiltrant les tumeurs dans leur propre hôpital.

 

« C’est une formidable occasion pour les Ontariens, ajoute Mme Ohashi. BioCanRx fournit une plateforme pour mettre le plus rapidement possible les nouvelles thérapies à la portée des gens. »

 

Dans le cadre de l’essai, les chercheurs vont prélever des lymphocytes infiltrant les tumeurs chez la patiente, les renforcer à l’aide de cellules dendritiques aussi prélevées chez la patiente, puis les lui réadministrer. Un médicament appelé OKT3 est aussi utilisé pour activer les lymphocytes infiltrant les tumeurs.

 

La thérapie est mise à l’essai chez des femmes dont le cancer résiste à la chimiothérapie à base de platine. Si elle réussit, ce pourrait devenir un traitement de deuxième intention qui stimule une meilleure réponse et donne de plus longues périodes de rémission. À l’heure actuelle, les femmes affichent une résistance à la chimiothérapie après un ou deux accès de la maladie et il existe peu d’options de rechange.

 

« Combattre le cancer de l’ovaire, c’est comme traverser un puissant courant », estime Elisabeth Baugh, PDG de Cancer de l’ovaire Canada. « Plus on se rapproche du centre, moins il y a de pierres et plus c’est difficile de traverser. »

 

« Si nous pouvons prévenir des complications du cancer et permettre aux femmes de vivre plus longtemps, je pense que ce sera une avancée importante », fait observer le Dr Marcus Butler, chercheur-clinicien principal qui supervise l’essai. S’il réussit, l’essai servira de fondement à d’autres applications cliniques de cette approche conçue au Canada de la thérapie par lymphocytes infiltrant les tumeurs, ce qui permettra de disposer de nouvelles thérapies pour contrer un cancer traditionnellement très difficile à traiter.

 

La première phase de l’essai, qui sera axée sur la sécurité et la faisabilité de la procédure, portera sur 12 femmes. Jusqu’à présent, l’équipe a recruté cinq femmes et a entamé le traitement d’une d’entre elles.

 

Le cancer de l’ovaire est la cinquième cause de décès par cancer chez les femmes, en partie parce que ses symptômes sont tellement généraux qu’il est bien souvent rendu à un stade avancé lorsqu’on le diagnostique. Il n’y a eu aucune amélioration des traitements, outre la chimiothérapie et la radiothérapie, depuis des décennies.

 

« C’est une maladie terrible et le pronostic est très sombre : 55 % des femmes ne vivent pas plus de cinq ans, affirme Elisabeth Baugh. Cet essai apporte un espoir incroyable aux femmes. »

 

Cancer de l’ovaire Canada est un partenaire de BioCanRx qui aide à diffuser l’information sur les projets de recherche et leurs résultats dans la collectivité.

 

Pour en savoir plus sur l’essai, consultez le sommaire du projet dans le site Web de BioCanRx ou la page dédiée à l’essai dans le site Web ClinicalTrials.gov.

 

 

La mission de BioCanRx est d’accélérer l’application des connaissances en milieu clinique sur les biothérapies contre le cancer les plus prometteuses et novatrices pour sauver des vies et améliorer la qualité de vie. Ce faisant, BioCanRx a adopté un programme de recherche qui soutient les technologies prometteuses et novatrices tout au long du parcours de conception, de fabrication et d’adoption préalable à l’essai clinique en vue de l’application des connaissances en milieu clinique. BioCanRx travaille en partenariat avec l’industrie, des organismes sans but lucratif et d’autres partenaires pour trouver, concevoir et rendre sécuritaires des biothérapies prometteuses pour traiter le cancer. Le Comité de gestion de la recherche de BioCanRx évalue les demandes de financement à chaque étape et suit la progression de chaque projet de recherche financé.