La préparation en cas de pandémie apporte aussi des avantages à l’immunothérapie

par Heather Blumenthal

 

Il y a deux ans, Jennifer Quizi a qualifié le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques (CFPB) comme étant l’un des secrets les mieux gardés d’Ottawa, doté de l’équipement et de l’expertise pour combler un écart critique dans le passage du laboratoire à la clinique.

 

Ce n’est plus un secret pour personne depuis que le gouvernement fédéral a injecté 59 millions de dollars pour agrandir le centre lui-même et créer un réseau de centres semblables d’un bout à l’autre du pays, dans le cadre de la stratégie de préparation en cas de pandémie, annoncée récemment.

 

Le nouveau financement est « transformateur », affirme Jennifer Quizi, Ph. D., directrice du Programme de fabrication de virus au CFPB.

 

Lors de la pandémie de COVID-19, le Canada ne disposait pas de la capacité de fabrication de vaccins nécessaire, ce qui l’obligeait à l’emporter sur d’autres pays pour s’assurer d’un approvisionnement fiable en vaccins qui ont aidé à réduire la gravité de la maladie, à atténuer la pression sur le système de santé et, ultimement, à vaincre la pandémie. Le récent financement découle de l’engagement du gouvernement à être mieux préparé lorsque surviendra la prochaine pandémie.

 

Alors que l’accent est mis sur la préparation de vaccins, les installations de biofabrication du Canada ne peuvent rester sans rien faire et seulement attendre la prochaine pandémie. « Pour être prêts, nous avons beaucoup à faire, soutient Mme Quizi ».

 

« Le gouvernement voulait avoir une série de centres de fabrication qui pourraient se tourner vers les vaccins lors d’une nouvelle pandémie, rappelle John Bell, Ph. D., directeur scientifique de BioCanRx. Entre-temps, toutefois, ils peuvent faire d’autres choses. »

 

Le nouveau CFPB fera partie du nouvel édifice de soins ambulatoires et de recherche du nouveau campus Civic de l’Hôpital d’Ottawa, actuellement en construction. La nouvelle installation permettra au CFPB d’accroître sa capacité déjà impressionnante de fabrication et de purification de cellules vivantes destinées à être utilisées chez les humains, notamment des vaccins et des virus. Le centre sert tant les chercheurs universitaires que les entreprises en démarrage qui mettent au point de nouvelles immunothérapies du cancer et thérapies à base de cellules T-CAR, de nouvelles utilisations des cellules souches mésenchymateuses, des adénovirus pour la thérapie génique et des vaccins.

 

L’installation actuelle fonctionne constamment au maximum de sa capacité et est réservée longtemps à l’avance. L’agrandissement, qui fera plus que doubler la capacité actuelle du centre, selon Jennifer Quizi, aidera à attirer et à retenir les meilleurs chercheurs et cliniciens.

 

L’installation consolidera les réalisations déjà impressionnantes de BioCanRx dans le développement de l’immunothérapie, notamment les premières cellules T-CAR de fabrication canadienne; le soutien au premier essai clinique canadien utilisant ce produit, l’essai CLIC-01 pour les patients atteints de formes particulières de leucémie ou de lymphome et sur lesquels les autres solutions n’ont pas fonctionné; et le soutien à la recherche menant à la mise au point de sensibilisateurs viraux qui ont une grande importance dans l’amélioration des rendements viraux et de la capacité de biofabrication en général, et qui a mené à la création de l’entreprise dérivée Virica pour commercialiser la découverte.

 

Le travail que fait le CFPB est la partie « la moins excitante, mais absolument essentielle » de la recherche, dit la présidente-directrice générale de BioCanRx Stéphanie Michaud. Il est nécessaire pour développer des biothérapies de grade clinique offrant de nouvelles approches et de nouveaux traitements aux patients grâce aux essais cliniques. Voilà pourquoi BioCanRx a toujours considéré le CFPB comme étant « le joyau de la couronne » pour le Canada, poursuit-elle. Voilà aussi pourquoi, lorsqu’il semblait que le financement de BioCanRx tirait à sa fin, l’organisme a décidé de doubler la mise sur la biofabrication lors de ce qu’il craignait être son dernier cycle de financement.

 

La décision a été déterminante pour l’obtention de ce plus récent apport de fonds au CFPB, selon Mme Michaud.

 

En plus de ce financement, 12 millions de dollars pris à même l’investissement de 59 millions de dollars soutiendront l’harmonisation et la collaboration parmi plusieurs installations de biofabrication canadiennes, notamment à Hamilton, en Saskatchewan, en Alberta et à Halifax. Comme chaque centre aura son propre domaine d’expertise – par exemple la santé animale au centre de la Saskatchewan – il y aura entre eux un niveau de coordination et de cohérence qui permettra de réagir rapidement à la prochaine pandémie.

 

« Nous sommes bons dans ce que nous faisons au CFPB, mais nous ne faisons pas tout, renchérit Jennifer Quizi. Ce financement appuie la création d’un écosystème de biofabrication complet. En plus de nous préparer à une pandémie future, les retombées économiques de ce financement sont énormes. »

 

« C’est la bonne chose à faire pour le Canada, ajoute John Bell. Le Canada est un vaste pays. Il n’est pas sage de n’avoir qu’une seule installation pour servir tout le pays. »

 

« Ces investissements sont un pas important dans la bonne direction, conclut Jennifer Quizi. Toutefois, il ne peut s’agir d’un financement unique et final. Nous devons nous assurer d’un soutien continu à ces institutions. »