Par Zaid Taha (IRHO) et Hyojin Song (Université de Calgary), membres du groupe de travail du PHQ
Un autre Sommet sur l’immunothérapie du cancer réussi a eu lieu à Ottawa (« la capitale du Canada »), cette année. Le Sommet de quatre jours offrait un éventail riche et varié de conférences captivantes et instructives données par des conférenciers de renom provenant de différents domaines, de discussions actives et de possibilités de réseautage entre les participants.
Pour aider à organiser les activités destinées au PHQ et s’assurer d’une variété de sources de connaissances et d’expertise, un groupe de travail du PHQ est formé chaque année. Celui de cette année était dirigé par Sarah Ivanco, gestionnaire, Formation et équité, diversité et inclusion, à BioCanRx. Ses autres membres étaient Emily Carter (étudiante diplômée, Université Dalhousie), Lauren Daniel (boursière postdoctorale, Université de Sherbrooke), Charu Sankaran (étudiante diplômée, BC Cancer Research Institute), Alex Shepherd (candidat au doctorat, CRSNG), Hyojin Song (associée de recherche postdoctorale, Université de Calgary) et Zaid Taha (candidat au doctorat, IRHO).
Séances plénières
Au Sommet sur l’immunothérapie du cancer de cette année, nous avons eu un merveilleux éventail de conférenciers couvrant une variété de sujets liés à l’immunothérapie du cancer. Les conférences elles-mêmes étaient incroyables et présentaient une diversité de recherche de grand impact et hautement pertinente pour les stagiaires que nous sommes. Il était aussi fantastique d’avoir une plateforme pour poser des questions à ces conférenciers et pour écouter les discussions qui s’ensuivaient ou y prendre part. Comme toujours, les séances plénières du Sommet étaient très stimulantes.
La 1re séance plénière avait pour titre « Les vésicules extracellulaires – Une nouvelle nanoplateforme pour le diagnostic et le traitement du cancer » et était présidée par les Dres Carolina Ilkow (IRHO) et Sheela Abraham (Université Queen’s). Ce thème arrivait à point nommé après la conférence scientifique d’ouverture du Dr Pieter Cullis, qui a raconté son histoire de la mise au point de la technologie des nanoparticules lipidiques, qui allait devenir celle qui est utilisée aujourd’hui pour l’administration des thérapies géniques et des vaccins ARNm (pensez aux vaccins contre la COVID-19).
Présidée par la Dre Laura Evgin et le Dr Robert Holt (tous deux du BC Cancer Research Institute), la 2e séance plénière a abordé les « Nouvelles cibles et nouvelles approches immunothérapeutiques ». Cette séance a présenté les approches immunothérapeutiques de pointe mettant en jeu 1) les virus oncolytiques, 2) les Siglecs (c’est-à-dire les récepteurs fixateurs de sucre) et 3) les réactions des néoépitopes aux cellules T et une nouvelle cible CAR-T dans le mélanome. En tant que membres du PHQ, nous avons eu beaucoup de plaisir à entendre des résultats très pertinents qui laissent entrevoir les orientations éventuelles des approches immunothérapeutiques actuelles.
La 3e séance plénière avait pour titre « Stratégies ARN et nanoparticules lipidiques pour les immunothérapies du cancer » et était présidée par le Dr John Bell (IRHO) et la Dre Christine Allen (Université de Toronto). Lors de cette séance, nous avons appris en quoi cette technologie peut être efficacement utilisée pour administrer des charges utiles thérapeutiques, dont des cytokines, des vaccins adaptés aux néoantigènes et même des types particuliers de médicaments activés par la chaleur.
La 4e séance plénière, intitulée « Application clinique des immunothérapies cellulaires » et présidée par la Dre Natasha Kekre (IRHO) et le Dr Simon Turcotte (CHUM) présentait des cas d’essais cliniques ayant donné lieu à des réactions favorables avec différentes approches thérapeutiques. À part l’applicabilité clinique des approches plus récentes des immunothérapies cellulaires, cette séance a fait valoir d’autres points de vue sur la prise en compte de l’aspect économique de la mise à disposition de ces thérapies aux patients et a aussi montré de quelle façon les premiers pas du programme de recherche CLIC (de l’anglais Canadian-Led Immunotherapies in Cancer) peuvent être faits et poursuivis pour surmonter certains défis.
Le 5e séance plénière, présidée par le Dr Conor Douglas (Université York) et la Dre Christine Williams (OICR) a abordé les « Modèles étrangers et différents d’accès aux immunothérapies et perspectives pour le système de santé canadien ». Tout au long de cette séance, nous avons acquis une meilleure compréhension de différentes infrastructures et de différents modèles d’essais cliniques mis en place dans l’Union européenne (plus particulièrement en Espagne et aux Pays-Bas), aux États-Unis et au Canada pour offrir les immunothérapies aux patients! Il était aussi très intéressant d’entendre directement l’un des directeurs de Santé Canada dont la conférence donnait un aperçu des programmes et des procédures dont nous devrions connaître l’existence, surtout si nous travaillons dans le domaine de la recherche translationnelle.
La 7e et dernière séance plénière portait sur les « Thérapies cellulaires non traditionnelles et émergentes » et était présidée par la Dre Michele Ardolino (IRHO) et le Dr Douglas Mahoney (Université de Calgary). Lors de cette séance, nous avons appris comment des bactéries spécialisées peuvent être utilisées comme des formes d’immunothérapie du cancer, l’utilisation des cellules CAR-NK et certains types de thérapies fondées sur les cellules souches.
Journée de perfectionnement du PHQ
Tenue avant même le début du congrès, la Journée de perfectionnement du PHQ était vraiment stimulante et remplie d’excellents exposés qui seront extrêmement utiles à notre perfectionnement professionnel en tant que membres du PHQ.
La publication de nos résultats scientifiques intéressants est une des réalisations que chaque membre du PHQ est impatient de faire. Pour parvenir à cet objectif, nous avons commencé la Journée de perfectionnement du PHQ avec l’allocution du Dr Luca Danelli (rédacteur en chef pour les articles sur le cancer de la revue Nature Communications). Celui-ci a décrit son parcours professionnel jusqu’à son poste actuel, puis quelques-uns des avantages et des défis d’être un rédacteur et la façon de préparer un manuscrit acceptable par une revue.
Ensuite, nous avons eu une excellente occasion d’écouter le Dr Bruno Lemire (GSK Canada) et Mme Louise Binder (Fondation Sauve ta peau, au nom de Merck). Comme la majorité des membres de notre PHQ travaille dans le milieu universitaire, cette séance nous intéressait beaucoup, car elle nous faisait connaître les possibilités dans l’industrie pharmaceutique et nous donnait de bons conseils de carrière. De plus, comme nous travaillons dans le domaine de la recherche translationnelle, cette séance a souligné que nous devrions toujours avoir à l’esprit de garder en toute sécurité les données sur les patients après les études d’essais cliniques et de pas manquer de les dépersonnaliser sans perdre d’information utile.
Il était agréable de constater que presque tous les membres du PHQ assistaient à cette séance, ce qui témoignait concrètement de l’importance de l’équité, de la diversité, de l’inclusion et de l’accessibilité (EDIA) auprès des stagiaires. Lors de cette table ronde, l’auditoire des membres du PHQ s’est entretenu avec les panélistes Sarah Ivanco (gestionnaire, Formation et EDI, à BioCanRx), Karine Morin (directrice du CRSNG et experte en EDI) et Gillian Carleton (étudiante au doctorat, défenseure de l’EDIA et médaillée olympique!). Profitant des horizons divers dont provenaient les panélistes, nous, membres du PHQ, avons eu de longues et encourageantes discussions et avons beaucoup appris sur la mise en œuvre de l’EDIA pour améliorer la culture dans nos laboratoires.
Comme toujours, les séances en groupe offraient une variété d’ateliers auxquels il était très intéressant pour nous d’assister. Chacune d’elles a donné lieu à de longues discussions entre les conférenciers et les stagiaires et a été suivie de conversations stimulantes.
Il y a d’abord eu la séance intitulée « Améliorer la recherche avec le point de vue des patients ». Cette séance était animée par un groupe de conférenciers : le Dr Scott McComb (CNRC), la Dr Risini Weeratna (CNRC), Meredith Conboy (IRHO), Madison Foster (IRHO) et Owen Snider (patient partenaire). Elle visait à aider le PHQ à comprendre quand, où et comment impliquer des patients et des défenseurs des patients dans la recherche préclinique. Les membres du PHQ ont aussi appris comment gérer les attentes et les objectifs en matière de participation des patients et ont acquis une meilleure compréhension de la façon dont leur travail touche les personnes qui reçoivent les traitements.
Il y a eu aussi la séance « La recherche à l’ère de l’intelligence artificielle », animée par le Dr Arvind Mer (Université d’Ottawa et IRHO). Celle-ci visait à aider les membres du PHQ à comprendre l’utilisation de l’IA en toute sécurité et de manière conforme à l’éthique dans la recherche biomédicale, ainsi que les limites de l’IA. Le Dr Mer a aussi fait une brève démonstration pour montrer aux stagiaires l’ensemble des outils d’IA disponibles et convenant aux débutants, ainsi que des applications au niveau d’entrée pour améliorer leur travail au jour le jour.
La Dre Laura Evgin (BC Cancer) a animé la séance sur « Le développement des compétences interpersonnelles pour une collaboration efficace ». Elle a alors rappelé les notions importantes pour comprendre le contexte du travail en collaboration dans le domaine scientifique. Elle a abordé la façon de répondre judicieusement aux situations où nous (ou notre groupe) avons des opinions divergentes et a insisté sur l’importance d’avoir des communications tangibles pour résoudre les difficultés. Elle a aussi parlé de la façon de persuader d’autres personnes, détails scientifiques à l’appui.
Le 4e atelier était intitulé « Faire son chemin dans le milieu universitaire et l’industrie » et était animé par Glenn Lesko (cabinet de recherche de cadres Pender & Howe). Cette séance visait à donner aux étudiants diplômés, aux boursiers postdoctoraux et aux associés de recherche des renseignements et des conseils utiles concernant le passage entre le milieu universitaire et l’industrie, tout en examinant les similitudes et les différences entre ces deux cheminements de carrière. La séance a résonné profondément parmi nombre de membres du PHQ arrivés à la croisée des chemins et a mené à d’intéressantes discussions.
Dîner-rencontre avec les experts
Comme lors des sommets précédents, nous avons eu l’occasion de dîner avec différents experts, tout en échangeant et en réseautant avec eux. Les experts présents venaient de différents horizons, de l’industrie, du milieu universitaire et du gouvernement, et étaient à différentes étapes de leur carrière. Ces experts était assis à des tables différentes et les membres du PHQ allaient de l’une à l’autre, ce qui a donné lieu à de brèves rencontres. La plupart des membres du PHQ arrivaient avec plein de questions, en particulier pour les experts qui avaient fait des exposés lors des séances plénières ou pour ceux qui avaient animé des séances de groupe au cours de la Journée de perfectionnement du PHQ. Nombre de membres du PHQ ont saisi cette occasion pour se présenter et s’approcher de certains experts pour avoir de plus longues discussions après le dîner-rencontre avec les experts.
Conférences
La séance d’ouverture venait tout de suite après la Journée de perfectionnement du PHQ et je me souviens de m’être assis avec un groupe de stagiaires fébriles et impatients d’attendre le début du congrès. La séance plénière d’ouverture était présidée par le Dr John Bell (directeur scientifique de BioCanRx) et la Dre Stéphanie Michaud (présidente de BioCanRx). Après quelques mots pour lancer le congrès, nous avons reçu de Claudette Commanda, une aînée algonquine, une gardienne du savoir algonquin et la chancelière de l’Université d’Ottawa, un blessing réconfortant, spirituel et très émouvant. Cela a donné le thème de la soirée : l’espoir. On nous a aussi présentés les membres de l’Institut d’apprentissage, alors que les the patients experts sont allés sur la scène pour nous raconter brièvement leur histoire et nous faire connaître leurs raisons pour assister au congrès. Encore une fois, plus d’espoir et plus d’optimisme. Nous avons ensuite écouté Camille Leahy, qui a parlé du point de vue des patients. La conférence de Camille était très émouvante et puisait encore dans l’essence même du mot « espoir » en nous apprenant le succès remarquable que la thérapie de cellules CAR-T avait été 4pour elle. La majorité de l’auditoire et des membres du PHQ ont alors fondu en larmes, en beaucoup de larmes d’espoir et d’optimisme, car tout notre travail et nos efforts nous semblaient alors redirigés vers ce qui est vraiment important : faire une différence. Le Dr Pieter Cullis (Université de la Colombie-Britannique) a donné la conférence scientifique de la soirée et a raconté comment lui et son équipe ont instauré la technologie qui est devenue plus tard le véhicule d’administration des vaccins ARNm contre la COVID-19. Il a exposé les hauts et les bas de son parcours et a souligné qu’en fin de compte, le bon travail est récompensé et fait une réelle différence. Le fait d’entendre ce message de la part de quelqu’un dont l’esprit d’innovation a changé le cours d’une pandémie et a eu des effets sur la planète entière suscite réellement ce sentiment d’espoir. L’enthousiasme, la soif de savoir et la passion étaient palpables dans l’ensemble de l’auditoire, et plus particulièrement parmi les membres du PHQ, à la fin de la soirée.
Pour la toute dernière séance du Sommet sur l’immunothérapie du cancer 2023, nous avons eu l’honneur d’entendre une conférence sur les « Les lymphocytes comme médicament vivant pour le traitement du cancer » du Dr Steven Rosenberg (Center for Cancer Research, NCI, États-Unis), l’un des pionniers de l’immunothérapie du cancer! Le Dr Rosenberg a parlé du contexte de la thérapie cellulaire adoptive et de la façon dont cette approche peut susciter des régressions durables chez les patients aux prises avec un cancer épithélial solide ou métastatique, comme le cholangiocarcinome, le cancer du col de l’utérus, le cancer du côlon et le cancer du pancréas, qui sont réfractaires aux autres stratégies de traitement. De plus, le Dr Rosenberg a insisté, dans sa conférence, sur l’importance d’étudier les populations de cellules T qui activent l’immunité antitumorale.
Par après, Melinda Bachini (Cholangiocarcinoma Foundation) a fait part de son expérience positive et émouvante après avoir reçu une thérapie TIL pour surmonter un cholangiocarcinome de stade 4 et survivre depuis 14 ans à ce cancer rare aussi bien que terrible. (Elle a mentionné avoir été la première participante aux essais d’immunothérapie reposant sur les lymphocytes infiltrant les tumeurs gastro-intestinales [GI TIL] du Dr Rosenberg et de son équipe.) Elle a aussi parlé de ce qu’elle fait actuellement pour aider d’autres personnes vivant avec le même cancer à trouver un meilleur remède et à améliorer leur qualité de vie. Comme nous, membres du PHQ, travaillons dans le domaine de la recherche liée à l’immunothérapie du cancer, sa conférence nous a incité non seulement à allumer notre motivation scientifique, mais aussi à nous sentir fiers que notre travail dans les domaines liés à l’immunothérapie puisse aider à trouver de l’espoir et à apporter de la lumière dans la vie de quelqu’un!
Débat
Une des séances plénières les plus excitantes du Sommet sur l’immunothérapie du cancer de BioCanRx est toujours le débat de style Oxford, qui était cette année la 6e séance plénière. Le débat était animé par le Dr Mathieu Crupi et la Dre Jennifer Quizi (IRHO et Centre de fabrication de produits biothérapeutiques). Le Dr Aled Edwards (Université de Toronto) a débattu avec Beverley Moore (groupe des litiges en matière de propriété intellectuelle du cabinet BLG) de la question de savoir si la propriété intellectuelle favorise ou freine l’innovation et les thérapies pour les patients canadiens. Les deux experts étaient de bonne humeur et ont offert un spectacle très divertissant, mais comme d’habitude dans ces débats annuels, ils ont évoqué des points très intéressants qui incitent à la réflexion sur cette question extrêmement pertinente.
Réseautage
En tant que membres du PHQ, le réseautage est l’une des choses qui nous importent le plus. Comme toujours, j’ai rencontré nombre de nouvelles personnes lors de ce Sommet, dont de nouveaux chercheurs, de nouveaux membres du PHQ et de nouveaux collaborateurs! C’était aussi une occasion extraordinaire de revoir quelques vieux amis partis vers différents laboratoires ou ayant pris différentes trajectoires professionnelles. Le Sommet est vraiment un formidable rassemblement sur le thème de l’immunothérapie du cancer; il rassemble un grand nombre de personnes très brillantes, ce qui en fait un forum très stimulant pour l’échange de connaissances. Que ce soit lors des événements sociaux organisés, de la Journée de perfectionnement du PHQ, des extravagants repas de l’hôtel Fairmont ou des séances d’affiches stimulantes et animées, ce Sommet était bien plus qu’un congrès. C’était une merveilleuse occasion d’élargir notre réseau de pairs qui nous aidera à tracer nos futurs parcours professionnels dans le milieu universitaire ou l’industrie. Les kiosques de fournisseurs qui avaient été montés nous ont aussi permis de nous faire de bons contacts auprès d’entreprises avec lesquelles nous travaillons tous sur une base quotidienne.