Les lymphocytes T modifiés par récepteurs d’antigènes chimériques – connus sous le nom de T CAR – sont un nouvel outil puissant pour le traitement du cancer. La thérapie à base de cellules T CAR (ou thérapie T-CAR) commence par l’extraction des cellules immunitaires du corps du patient. Ces cellules sont génétiquement modifiées pour reconnaître la propre tumeur du patient, puis sont réadministrées en grand nombre au patient. C’est ce qu’on appelle un type de transfert de cellules adoptives. Les cellules modifiées sont capables d’attaquer et de tuer spécifiquement les cellules cancéreuses. Cette thérapie suscite des réactions spectaculaires chez certains patients atteints de certains types de cancer avancé, notamment chez les enfants et les adultes atteints de cancers du sang comme la leucémie lymphoblastique aiguë (LLA) et les lymphomes.
Ce processus consistant à altérer les cellules T d’un patient a toutefois toujours exigé une infrastructure et une expertise considérables, ce qui soulève des enjeux importants concernant l’accessibilité et l’abordabilité pour les Canadiens qui cherchent à obtenir un traitement. I y a eu un nombre limité d’essais cliniques sur la thérapie T CAR au Canada comparativement à d’autres secteurs de compétence comme les États-Unis. En outre, l’accès à cette thérapie varie d’un endroit à l’autre au Canada en raison des différences dans les systèmes de santé provinciaux.
Renforcer le programme des immunothérapies du cancer dirigées par le Canada
Depuis sa création en 2015, BioCanRx a reconnu le besoin de mettre en place au Canada une infrastructure décentralisée et une capacité de fabrication à l’appui de la recherche du laboratoire au chevet du patient et, ultimement, d’accroître l’accès à la thérapie T CAR en augmentant le nombre d’essais cliniques offerts aux patients canadiens. Cette nouvelle capacité ouvrira également la voie aux innovations canadiennes dans le domaine des cellules T modifiées; jusqu’à maintenant, il n’était pas possible de faire avancer ces innovations au-delà du stade du développement en laboratoire.
Après avoir collaboré lors d’une conférence en 2016, des chercheurs du réseau de BioCanRx à Ottawa, à Vancouver et à Victoria ont commencé à développer au Canada une production sûre et efficace de thérapies T CAR en utilisant une méthode au point de service (PdS) fabriquée au Canada – des installations de fabrication de cellules T CAR fermées et automatisées pour tirer pleinement parti des avantages de l’automatisation. Le produit thérapeutique qui a été développé a été entièrement fabriqué au Canada – avec des plasmides de grade clinique mis au point dans le laboratoire conforme aux BPL du Dr Robert Holt à BC Cancer, le vecteur lentiviral conforme aux BPF fabriqué au Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et le produit cellulaire final conforme aux BPF fabriqué à l’installation du Dr Brad Nelson à BC Cancer à Victoria.
Le premier essai clinique de la plateforme des Immunothérapies du cancer dirigées par le Canada (CLIC) a été lancé en 2018, sous la direction de la Dre Natasha Kekre (L’Hôpital d’Ottawa) et du Dr Kevin Hay (BC Cancer en partenariat avec l’Hôpital général de Vancouver). L’essai, intitulé « CLIC 1901 » est conçu pour les patients de 18 à 75 ans, atteints de leucémie lymphoblastique aiguë (LLA) et de lymphome non hodgkinien. En juin 2022, l’équipe a publié les résultats de ses 30 premiers patients : 13 étaient en rémission complète (dont trois depuis un an après le traitement).
La plateforme CLIC : soutenir l’expansion pour traiter un plus grand nombre de patients au moyen des thérapies T CAR
À l’heure actuelle, BioCanRx étend son savoir-faire en matière de fabrication décentralisée de cellules T CAR à des emplacements partout au Canada afin de permettre à un plus grand nombre de patients dans plus de provinces d’avoir accès aux nouvelles thérapies T CAR tout en jetant les bases pour faciliter le traitement d’autres cancers. Jusqu’à maintenant, BioCanRx a fait des investissements ciblés totalisant presque 3,4 M$ dans les PdS et la fabrication de virus au pays. La plateforme CLIC réunit le savoir-faire en biofabrication pour appuyer la biofabrication décentralisée, un investissement préclinique pour la mise au point de nouvelles thérapies T CAR afin de traiter d’autres cancers et un protocole d’essai clinique développé avec des patients en tant que partenaires. Cette plateforme CLIC est le fondement qui fournira des thérapies T CAR à des patients en Colombie-Britannique, en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick et en Alberta. Les thérapies T CAR produites au moyen de la plateforme CLIC sont entièrement fabriquées au Canada : de la fabrication de plasmides conformes aux BPL (Dr Robert Holt; BC Cancer), à la fabrication du vecteur viral conforme aux BPF (Drs John Bell et Jennifer Quizi; CFPB de l’IRHO) et à la fabrication de cellules T CAR en système fermé (emplacements partout au Canada).
Pour bâtir le fondement de sa plateforme CLIC, BioCanRx a investi 1,025 M$ dans trois projets de recherche pour mettre au point la prochaine génération de thérapies T CAR qui utiliseront la plateforme CLIC. Les projets, dirigés par les Drs Kevin Hay (BC Cancer), Scott McComb (Université d’Ottawa/CNRC) et Douglas Mahoney (Université de Calgary), sont intitulés « Essai clinique multicentrique dynamisant de phase I/II sur un nouvelle thérapie des cellules T à récepteurs d’antigènes chimériques (T CAR) spécifiques dérivés de camélidés CD 22 à domaine unique », « Études dynamisantes d’essai clinique sur la thérapie par récepteur d’antigènes chimériques à cibles multiples pour le traitement des malignités touchant les lymphocytes B » et « Thérapie à base de cellules T CAR personnalisée pour une patiente atteinte d’un sarcome rare », respectivement.
De plus, BioCanRx a annoncé des investissements ciblés importants dans la fabrication de cellules au point de service au Canada afin de mettre en place un réseau décentralisé de points de service et de soutenir la biofabrication de vecteurs viraux conformes aux BPF. Cet investissement de presque 3,4 M$ au total vise à permettre l’application de biothérapies de pointe grâce à l’accroissement de la capacité de biofabrication au Canada au profit des patients canadiens atteints de cancer.
Chronologie des thérapies à base de cellules T-CAR fabriquées au Canada
Soutenir la plateforme CLIC au moyen de la conception d’essais cliniques novateurs et d’études de mise en œuvre dans le système de santé
Pour soutenir la plateforme CLIC, BioCanRx a financé un projet d’ICSE visant l’obtention de meilleurs résultats avec la thérapie à récepteurs d’antigènes chimériques (GO–CART), dirigé par le Dr Manoj Lalu et ses collègues de l’IRHO. Ce projet d’application intégré des connaissances venait compléter l’essai CLIC 1901, et visait à élaborer des protocoles d’essai clinique liés à de nouvelles technologies comportant de multiples intervenants (patients et oncologues) et à tirer parti d’une base exhaustive de données probantes en intégrant l’évaluation précoce des technologies de la santé (EPTS). Le modèle GO CART sera utilisé pour le protocole de la plateforme CLIC.
« Les immunothérapies comme la thérapie T-CAR fonctionnent en renforçant le système immunitaire de l’organisme, pour l’aider à reconnaître et à tuer les cellules cancéreuses. Nous savons maintenant qu’en retirant des lymphocytes T des patients et en les modifiant, nous pouvons obtenir des réponses spectaculaires chez certains types de patients cancéreux. Malheureusement, au Canada, nous ne disposons pas de cette technologie qui pourrait être utilisée à grande échelle dans tout le pays. Les investissements de BioCanRx nous permettent donc de pouvoir fabriquer nous-mêmes ce type de produit, d’engager nos propres scientifiques pour qu’ils puissent réellement tester leurs idées, d’exploiter cette nouvelle technologie et, nous l’espérons, d’apporter quelque chose aux Canadiens beaucoup plus rapidement. »
– Dr John Bell, directeur scientifique, BioCanRx
« Sans cet essai, je ne pense pas qu’aucun de ces patients ne serait vivant aujourd’hui, alors nous sommes très encouragés par ces résultats », a déclaré la Dre Kekre. « Jusqu’à présent, nous assistons à une survie moyenne sans progression de six mois, ce qui est très bon dans cette population de patients. »
– Dre Natasha Kekre, Hématologue, L’Hôpital d’Ottawa