L’immunothérapie au chevet des malades

Par Heather Blumenthal

 

Laboratoire d’immunothérapie de la famille Conconi (Victoria, C.-B.)

 

Il n’y a aucun doute, l’immunothérapie fonctionne. De nombreuses études de recherche, dont beaucoup sont financées par BioCanRx, ont démontré qu’en utilisant les propres lymphocytes T d’un patient cancéreux, en les « surchargeant » en laboratoire pour qu’ils reconnaissent et combattent la tumeur du patient et en utilisant un virus pour les amener au siège du cancer, nous disposons d’une nouvelle façon efficace de lutter contre la maladie et d’offrir un espoir là où il n’y en avait guère auparavant. Si de nombreuses thérapies en sont encore au stade de la recherche, certaines ont été approuvées par des organismes de réglementation pour être utilisées chez les patients.

 

La modification génétique des lymphocytes T d’un patient pour obtenir ce statut « surchargé » nécessite – ou a jusqu’à présent nécessité – une infrastructure de laboratoire spécialisée et beaucoup d’expertise humaine. Cela entraîne deux problèmes évidents. Premièrement, l’immunothérapie est difficile d’accès, surtout si vous ne vivez pas à proximité d’un des laboratoires centralisés qui effectuent ce travail laborieux et coûteux qui nécessite du personnel hautement qualifié. Et deuxièmement – et c’est le plus important – l’immunothérapie est coûteuse. Le résultat? L’une des voies les plus prometteuses pour traiter les cancers avancés est hors de portée de nombreux patients.

 

Mais plus pour longtemps si cela ne dépend que de BioCanRx. Puisque BioCanRx considère que le soutien accordé à la recherche dont les résultats ne sont pas appliqués aux soins des patients ne fait que la moitié du chemin, l’organisme soutient la création de solutions locales et abordables pour que l’immunothérapie soit une option réaliste pour les personnes atteintes de cancer.

 

Tout d’abord, grâce à ses installations principales, BioCanRx a soutenu et continue de soutenir la fabrication de vecteurs viraux – les agents d’administration de l’immunothérapie – au Centre de fabrication de produits biothérapeutiques d’Ottawa. Aujourd’hui, BioCanRx s’attaque à la deuxième partie de l’équation de l’immunothérapie, soit la préparation des propres lymphocytes T des patients, à l’aide d’installations au point de service (PdS) à quatre endroits au pays : le Laboratoire d’immunothérapie de la famille Conconi à Victoria, en C.-B.; le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques et l’Installation de fabrication de produits cellulaires à Ottawa, en Ontario; le Centre de thérapie cellulaire Philip S. Orsino à Toronto, en Ontario; et le Centre de thérapie tissulaire et cellulaire avancée du Manitoba à Winnipeg, au Manitoba.

 

« On effectue la fabrication de cellules personnalisées », explique Jennifer Quizi, qui supervise l’initiative de 1,88 million de dollars. « C’est une partie unique de ce que nous faisons. »

 

BioCanRx pend son travail tellement au sérieux que l’organisme a créé un tout nouveau poste, celui de directrice des opérations de fabrication en biothérapeutique, spécifiquement pour superviser l’initiative. La Dre Quizi, qui a une grande expérience en application des résultats de la recherche à l’innovation en matière de soins de santé, occupe ce poste. Et elle a créé le Comité de fabrication de cellules au point de service (voir l’encadré) pour contribuer à la réussite de l’initiative.

 

En prenant cette mesure, BioCanRx tire parti d’une technologie d’une entreprise allemande, Miltenyi, appelée CliniMACS Prodigy. Cette nouvelle technologie de transformation offre une méthode automatisée de génération de lymphocytes T génétiquement modifiés en chambre unique tout en maintenant la qualité et la cohérence nécessaires. En raison de sa petite taille et de ses processus autonomes, cette technologie ne nécessite pas la même infrastructure ni la même participation humaine.

 

« Nous tirons parti de cette technologie pour ouvrir de multiples sites de fabrication », explique la Dre Quizi. Le projet démarre avec quatre sites : Victoria, Winnipeg, Toronto et Ottawa. Ces sites ont été choisis parce qu’ils disposent déjà de l’expertise et de l’infrastructure conforme aux BPF (bonnes pratiques de fabrication) pour soutenir la fabrication de lymphocytes T, acquise en grande partie grâce à l’expérience en greffe de moelle osseuse, un processus qui requiert une expertise similaire. Le rôle de BioCanRx, au-delà du financement des sites, est de soutenir l’application des connaissances pour faciliter l’élaboration de protocoles normalisés et la formation spécialisée qui peuvent assurer la qualité et la cohérence dans tout le pays.

 

L’objectif initial sera la fabrication de lymphocytes T-CAR (récepteur d’antigène chimérique) pour soutenir les essais cliniques et les traitements faits au Canada. Par exemple, le site de Victoria fabriquera les cellules pour l’essai clinique CLIC-1901 financé par BioCanRx, qui teste la thérapie T-CAR pour les personnes atteintes de cancers du sang tels que le lymphome et la leucémie. Mais si la thérapie T-CAR est le point de départ, elle est loin d’être le point d’arrivée. Elle n’est que la partie émergée de l’iceberg. À mesure que de nouvelles thérapies cellulaires et génétiques seront développées, explique la Dre Quizi, les installations au PdS pourront croître pour inclure ces thérapies. Et à mesure que notre expérience en fabrication de cellules au PdS se développera, les sites pourront être étendus à d’autres centres à travers le Canada.

 

« Nous mettons en place les installations, les procédures et la formation. Nous créons un cadre », dit-elle. « En fait, il n’y a pas de limite à la portée de ce projet. »

 


 

Heather Blumenthal écrit au sujet de la santé et de la recherche en santé depuis une vingtaine d’années et n’a jamais cessé d’être fascinée par les progrès qu’accomplissent les chercheurs canadiens.

 

Comité de fabrication de cellules au point de service
 
BioCanRx a créé un Comité de fabrication de cellules au point de service (PdS), qui est composé de scientifiques et de cliniciens et qui est guidé par des experts en la matière, afin de superviser l’expansion et l’intégration de nos sites de fabrication PdS dans un réseau fonctionnel à travers le Canada. Notre réseau PdS offre l’avantage de permettre aux Canadiens d’accéder à des immunothérapies cellulaires de pointe contre le cancer grâce à des essais cliniques.
 
Pour en savoir plus sur le Comité, cliquez ici.